Dispositions légales et jurisprudence incontournables du 1er semestre 2015 en matière de droit social en France - Juillet 2015; A Legal Update from Labor & Employment Practice Group – Paris July 2015

Vous avez peut être manqué certains développements récents…
Cette lettre d’information rassemble quelques évolutions majeures du premier semestre 2015 en France en droit du travail.

Les demandes de dommages et intérêts en raison de congés non pris : sur qui pèse la charge de la preuve ? (Cass. Soc, 12 mai 2015 n°13-20.349)

Un salarié conteste son licenciement devant les juridictions françaises. Il formule de nombreuses demandes et notamment une relative aux jours de congés payés qu’il n’a pas été en mesure de prendre.

Se fondant sur une directive UE de 2003 qui dispose que tout salarié a droit à 4 semaines de congés payés par an, la Cour de cassation estimait, jusqu’à présent, qu’il appartenait à l’employeur de prouver qu’il avait pris toutes les mesures nécessaires pour permettre à ses salariés de prendre leurs congés payés. S’il était dans l’incapacité d’apporter une telle preuve, l’employeur devait des dommages et intérêts aux salariés qui n’avaient pas été en mesure de prendre leurs congés payés.

Le 12 mai 2015, la Cour de cassation adopte une nouvelle position concernant la répartition de la charge de la preuve à cet égard. Elle estime que celle-ci est partagée entre l’employeur et le salarié concernant la prise des congé payés. Désormais la charge de la preuve s’établit comme suit :

  • sur l’employeur s’agissant des 4 semaines de congés payés rendues obligatoires par la directive UE.
  • sur les salariés s’agissant des congés payés au-delà des 4 semaines obligatoires. 


Si cette décision est favorable à l’employeur, les tribunaux devront faire face à une situation plus compliquée.


La rupture conventionnelle conclue avec une salariée en congé maternité est valable. (Cass. Soc, 25 mars 2015 n°14-10.149)

Une salariée conclut une rupture conventionnelle avec son employeur pendant son congé maternité. Elle conteste ensuite la validité de cette rupture conventionnelle et demande à ce qu’elle soit déclarée nulle.

Les juges la déboutent de sa demande et jugent que la rupture conventionnelle conclue est valable.

Cet arrêt pourrait surprendre car en principe, le droit français n’admet pas qu’une rupture conventionnelle soit conclue pendant une période de suspension du contrat de travail. Or, ce principe a déjà été atténué par le passé. En 2014, la Cour de cassation a admis qu’une rupture conventionnelle puisse être valablement conclue avec un salarié en arrêt de travail à la suite d’un accident du travail. Dans cet arrêt, la Cour de cassation facilite une nouvelle fois la conclusion de ruptures conventionnelles.


Les SMS envoyés ou reçus sur un téléphone portable professionnel sont présumés avoir un caractère professionnel et peuvent être consultés par l’employeur. (Cass. Com, 10 février 2015 n°13-14.779)

Dans le cadre d’un contentieux opposant deux sociétés, l’une des deux sociétés a été autorisée par ordonnance sur requête à faire procéder un constat d’huissier portant notamment sur les téléphones portables professionnels mis à la disposition d’un de ses anciens salariés.

La Cour de cassation devait décider si le principe du secret des correspondances pouvait empêcher l’employeur d’accéder aux SMS professionnels de ses salariés.

La chambre commerciale juge pour la première fois à notre connaissance que les SMS envoyés ou reçus par un salarié sur son portable professionnel peuvent être lus par l’employeur.

Ce n’est que dans l’hypothèse où le SMS serait identifié comme personnel que son accès serait restreint : dans ce cas, le portable professionnel peut être consulté par l’employeur en présence du salarié concerné ou si ce dernier a été invité à être présent.

Par cette décision, la chambre commerciale a adopté la même position que celle de la chambre sociale relative aux documents se trouvant sur l’ordinateur professionnel des salariés. En effet, ces documents sont présumés professionnels et l’employeur peut y avoir accès en l’absence du salarié à moins qu’ils n’aient été identifiés comme personnels.

Cette solution est donc désormais étendue aux SMS.


Un motif économique ne justifie pas nécessairement l’impossibilité de maintenir le contrat de travail d’un salarié victime d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle. (Cass. Soc, 18 février 2015 n°13-21.820)

Alors que son contrat de travail est suspendu suite à un accident du travail, un directeur commercial est licencié pour motif économique. Ce licenciement était fondé sur la réorganisation, impliquant des suppressions de postes, dans l’entreprise à laquelle il appartenait.

La Cour de cassation considère que l’existence d’un motif économique de licenciement n’est pas suffisant en soit pour justifier l’impossibilité de maintenir le contrat de travail du salarié en arrêt de travail à la suite d’un accident du travail.

Par cette décision, la Cour de cassation confirme sa jurisprudence antérieure.


La liberté d’expression du salarié trouve sa limite dans l’abus. (Cass. Soc, 6 mai 2015 n°14-10.781)

À la suite de la publication de deux articles sur un blog, un salarié est licencié.

Dans lesdits articles, le salarié affirmait que l’un de ses collègues a été licencié pour avoir revendiqué l’application de certaines dispositions du code du travail et qu’il avait lui-même subi des menaces et du chantage lors de réunions internes.

Estimant qu’il avait fait un usage abusif de sa liberté d’expression, l’employeur avait licencié le salarié pour faute grave. Le salarié avait donc contesté son licenciement.

La Cour de cassation juge que le licenciement était sans cause réelle et sérieuse et que le salarié n’avait pas abusé de sa liberté d’expression.

Les juges ont estimé qu’aucun abus ne pouvait être reproché eu égard :

  • à la situation conflictuelle existante au sein de la société,
  • au caractère quasiment confidentiel de blog (qui n’est accessible qu’à des membres), et
  • aux propos reprochés au salarié qui n’étaient ni injurieux ni vexatoires.
You may have missed some recent developments…
This legal update brings you some major changes in the first half of 2015 in France in Labor & Employment law.

Claims for compensation for untaken holidays: who has the burden of proof? (Social Law Chamber, Supreme Court, May 12, 2015 n° 13-20349)

An employee went to court in order to challenge his dismissal. He made various claims against his employer, including one for compensation for untaken vacation.

Following an EC directive of 2003 which established the right of all employees to a minimum of 4 weeks of vacation every year, the French Supreme Court previously ruled that it is for the employer to prove that he has taken all steps to enable the employee to take his holidays; Failure to do so led to the payment of compensation by the employer to the employee who did not take all his accrued vacation days, in due proportion of these untaken vacation days.

On May 12, 2015, the French Supreme Court changed the rules on the burden of proof. From now on, it will be shared between the employer and the employee, as follows:

  • The employer has the burden of proof for the first 4 weeks of vacation days, corresponding to the minimum imposed by the EU.
  • The employee will have the burden of proof for any holiday time he may have above these 4 weeks each year.

This will make it easier for the employer but more complex for the courts.


It is fine to terminate an employment contract amicably during a maternity leave. (Social Law Chamber, Supreme Court, March 25, 2015 n°14-10149)

An employee had agreed on the amicable termination of her employment contract while she was on maternity leave. Then she challenged this termination in court, claiming that her termination was void.

French judges rejected her claim, changing their position from previous cases and arguing that even if the agreement to the amicable termination was given while on maternity leave, it was valid and so was the amicable termination.

This position may seem surprising since, as a matter of principle, amicable terminations cannot validly be concluded during a period of suspension of the employment contract. Nevertheless, this position has been softened by judges who first admitted in 2014 that amicable termination agreements may be entered into by an employee on sick leave after a work related accident. This decision on March 25, 2015 shows that French judges wish to continue to soften the rules to facilitate amicable terminations.


Text messages sent or received on a professional mobile phone can be accessed by the employer as they are presumed to have a professional character. (Commercial Law Chamber, Supreme Court, February 10, 2015 n°13-14779)

In the middle of a litigation opposing two companies, one of them asked for judicial permission to have a bailiff report on the content of the professional mobile phone of one of its employees.

The issue presented before the court was whether the protection offered to private correspondence would prevent the employer from having access to these text messages. For the first time the Commercial Law Chamber of the French Supreme Court held that the text message sent or received by an employee through his professional mobile can be read by the employer. It is solely when the text message is identified as personal that such access is limited, i.e. it can be accessed but either in the presence of the concerned employee or the latter being duly invited to be present.

With this decision, the Commercial Law Chamber endorsed a decision similar to the one already adopted by the Social Law Chamber of the French Supreme Court regarding documents on employees’ professional computers. These documents are indeed presumed professional, and the employer can have access to them without the employees’ presence unless identified as personal.

This solution is now extended to text messages.


An economic reason does not necessarily justify the redundancy of an employee victim of a work-related accident or occupational disease. (Social Law Chamber, Supreme Court, February 18, 2015, n° 13-21820)

A Sales Director was made redundant during the suspension of his employment contract after a work-related accident. The redundancy was justified by the reorganization of his employer which led to the elimination of his position.

The French Supreme Court considered that the justification provided for the redundancy was not sufficient to show the impossibility to maintain the employee’s contract, which is a legal requirement after a work accident.

That decision is a confirmation of existing case law. It is a useful reminder of the specific protection existing in France for victims of work-related accident or occupational disease during the suspension of their employment contract.


The employee’s freedom of speech has a limit called abuse. (Social Law Chamber, Supreme Court, May 6 2015, n°14-10781)

An employee posted statements on a website to report that one of his colleagues had been dismissed by his employer after asking to apply the French Labor Law provisions within the company and that he had been threatened and blackmailed by his manager during internal meetings.

The employer considered that his employee had abused his freedom of speech and dismissed him for serious misconduct. The employee challenged his dismissal in court.

The French Supreme Court ruled that the dismissal was unfair as the employee did not abuse his freedom of speech. The court considered that he was right to post comments on this website in such a conflicting situation, taking into consideration that it was a nearly confidential website (as it was accessible only to members who had a membership subscription) and the words used were not offensive nor vexatious.

 

DISCLAIMER: Because of the generality of this update, the information provided herein may not be applicable in all situations and should not be acted upon without specific legal advice based on particular situations.

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